CRS: Un algorithme qui permet de transcender les différences sociales lors de la recherche d'emploi

CRS: Un algorithme qui permet de transcender les différences sociales lors de la recherche d'emploi
Publié le 11 août 2022

 

Le cabinet londonien RARE RECRUITMENT, composé à plus de 70% de personnes issues de minorités ethniques, a créé un système de recrutement contextuel (CRS) conçu pour corriger l’injustice inhérente aux pratiques de recrutements standards. Son fondateur et directeur général Raphael Mokades, qui évoquait ses origines dans The Guardian en disant « je suis noir et je suis brun et je suis un frère et je suis indien et je suis juif et je suis musulman » a toujours été intéressé par la justice sociale. Il rappelle qu’à l’Université d’Oxford, il a travaillé sur un programme visant à faire entrer les élèves des quartiers défavorisés et des minorités ethniques dans l’enseignement supérieur. Il a réussi à concilier métier de recrutement et quête de justice sociale.

« Nous aidons les enfants défavorisés à accéder aux échelons supérieurs de la société britannique »

 

D’après la Bibliothèque de la Chambre des Communes (House of Commons Library), le taux de chômage au Royaume-Uni en janvier-mars 2022 était de 3,1% pour les personnes d’origine ethnique blanche contre 7,1% pour les personnes issues d’une minorité ethnique, soit plus du double.

 

Le CRS est un outil adapté au recrutement de diplômés ainsi qu’aux stages de premier cycle. Mokades prend l’exemple de deux diplômées fictives, Sarah et Mary, pour expliquer comment Sarah risque de perdre en utilisant des méthodes de recrutement traditionnelle sur papier. Non pas parce que Mary est plus brillante mais comme elle vient d’un milieu privilégié, elle aura bénéficié d’une meilleure éducation et d’avantages qui y sont liés.

Même si les deux ont des résultats scolaires identiques, le CRS signale que Sarah a surpassé les étudiants de son établissement tandis que Mary a sous-performé par rapport à ses camarades de classe. L’algorithme modifiera instantanément leur classement. Il capture 13 marqueurs de désavantages comme le fait d’avoir été réfugié ou placé, si les parents sont allés à l’université, si la personne a dû travaillé durant ses études, si elle a bénéficié de repas scolaires gratuits, son lieu d’habitation, …

 

L’algorithme donne un poids différent à chaque indicateur qui fonctionne de manière cumulative. Depuis son lancement en 2015, ils ont constaté que les entreprises qui utilisent le recrutement contextualisé embauchent 61% de jeunes en plus issus de milieux défavorisés.

 

La diversité en entreprise étant un levier de performance, de plus en plus d’employeurs anglais s’intéressent à cette méthode de recrutement. Les plus prestigieux employeurs britanniques comme la Banque d’Angleterre, la banque Morgan Stanley, le cabinet d’audit et de conseils Deloitte, les cabinets d’avocats Freshfields Bruckhaus Deringer, Allen et Overy, Linklaters, Clifford Chance et bien d’autres encore l’utilisent et écartent ainsi les candidats chics mais médiocres pour des perles de la classe ouvrière.

 

À ce jour, près de deux millions de candidatures de diplômés sont traitées par ce cabinet de recrutement. Il poursuit son objectif, qu’on ne peut que saluer, de rendre la société britannique plus juste et plus égalitaire.

 

CRS sera-t-il bientôt utilisé en France? Avec de tel résultats on ne peut que l'espèrer.